Enfant, j'ai appris à diriger une arme uniquement vers la cible, à lui retirer la culasse à défaut, à boucler ma ceinture dès le démarrage ( comme on a pas toujours eu de ceinture à l'arrière des VOLVO et que le père faisait Rally à chaque déplacement, on l'attachait au moins pour vaincre l'apesanteur ), et ainsi de suite.
C'était imparfait, comme les parents eux mêmes, mais mon père du moins, à toujours tenté de parfaire les systèmes de protections, lui permettant de mieux prendre des risques encore, je suis exactement pareil.
J'espère inculquer au moins aussi fortement ce réflexe chez mes enfants, et le cultiver pour moi même.
Hier soir, alors que j'abattais 3 arbres frères, de 15/20 m de haut, nés sur le même tronc couché, je soupçonnais le piège.
Tirfort pour les aider à descendre au bon endroit, bottes de saut armées de coquilles de sécurité, mais surtout casque de chantier avec lunettes intégrées.
Le dernier arbre tombe, parfaitement aligné sur ses frères, mais le gigantesque pin qui les accompagnait a décidé d'en faire autant. En fait, la tempête l'a endommagé, la pluie pourrir, et il ne tenait plus que par les 3 frangins.
Comme je ne suis pas un pro, je ne l'avais pas remarqué, mais comme mon instinct est surdéveloppé, je présentais une tuile, passant la journée à toujours tout vérifier, y compris que j'avais bien le casque sur le crâne.
Ben voilà, l'arbre a ripé avec les autres, lentement, en gémissant, puis m'a foncé dessus.
Comme je treuillais au pied d'un gros pin derrière lequel j'attendais sagement la fin des hostilité, j'ai juste eu à me mettre au garde à vous bien dans l'axe et à espérer que la géométrie papier rejoindrait bien celle de la nature.....
J'ai pris une branchette je suppose.... mais avec la vitesse, le casque a amortis, les vertèbres cervicales ont tapé quand même.
Pas de perte de connaissance, juste étourdi, le nez en sang ( les lunettes intégrées ) quelques douleurs vives à la face, la sensation d'une oreille qui pisse le sang ( fausse ) et puis voilà.
On est tout seul, pas question de flancher ni d'attendre un quelconque secours, c'est le jeu ma bonne Lucette, et j'y joue de bon coeur.
La nuit tombant, j'ai replié les gaules. repris mon Vespacar TT, retrouvé mes filles et évité de raconter ça à ma femme qui s'en fait déjà facilement.
Mauvaise nuit, douleurs, homéopathie, acupression, un tour chez le rebouteux ce matin, et zoupla, fini, on en parle plus.
Cet après midi, je suis reparti en forêt, à pied ce coup ci, pour mieux ranger couper les branches et branchettes, la tronçonneuse au brélage avec la hache... et j'ai observé le casque que je croyais intact !
Ben ça fout les ch'tons !!!!
Je vous raconte l'histoire, parce que demain, j'aurais déjà oublié cette anecdote, mais notre vie, soyez en certain, ne dépend parfois qu'à un fil.
La faucheuse sait où nous trouver et quand, mais en suivant les consignes de sécurité des pros, on a vraiment moyen de s'amuser dans la vie... sans la laisser en cours de route.
Mon sauveur...
